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Univers de base: VM (magica)
Espèce :Sorcier
Age : 20 ans
Nationalité : Flamand
Travail: étudiant en technologie magique
Particularité(s) : Dysplasie de la hanche, Yve utilise une canne pour soulager sa marche.
Avatar : Viktor - Arcane (LoL)
Caractère :
▬ Faux calme ▬ Grinçant ▬ Rancunier ▬ Passionné ▬ Attentionné
Il n'avait plus mal.
Et ça tournait dans sa tête, en boucle. Et il grinçait des dents sans s'en rendre compte, à chaque fois qu'Eugène s'adressait à lui avec le masculin. Comme un vêtement désagréable, comme une couche rêche sur une peau sensible. Alors Yve remuait les épaules, il secouait la tête. Pourtant, il conservait son visage amical.
Après tout, ce n'était pas si grave. Les gens ne savaient pas, et ils ne comprenaient pas toujours. Ce n'était pas au travail qu'iel pourrait aborder ce genre de choses.
Hein ?
La nouvelle du départ d'Alice le reconnecta à la situation. Le jeune homme fronça les sourcils, et il sourit en coin. Attristé pour le vieux libraire, il tenta alors de le rassurer :
« Est-ce que c'est quelque chose qu'elle a dit ? Ou bien, vous en avez peur ? »
Great Pumpkin, c'est noté. Quel drôle de nom. Yve savait qu'il ne connaissait pas ça, il était sûr de n'en avoir jamais goûté. Pourtant, ses mains savaient exactement ce qu'il devait faire. Il attrapa la bouteille de Whiskey, puis il commença à préparer le cocktail devant Eugène. Il les faisait toujours corser, et il soignait ses présentations. Parfois, il se voyait comme ses barmans capables de jongler avec les verres. Il s'entraînait d'ailleurs en secret. D'une agilité surprenante qui collait avec la nonchalance de son caractère.
« Mh... Non ? Je ne pense pas, lâcha Yve à propos de ses cheveux. Ils étaient pourtant toujours en bataille, un peu gras, érigés en épis de tous les côtés. Mais j'aimerais me faire une couleur, et passer un coup de tondeuse. »
Maintenant, Yve laissa au lectorat l'image de lui-même avec le crâne rasé.
Quoique ce n'était pas ce qu'il souhaitait vraiment. Raser les tempes, faire un truc plus ou moins artistique, avec une queue de cheval colorée. Violet, bleu, un peu de rouge.
Yve fronça les sourcils. Il n'était pas du genre à être différent des autres. Enfin, il l'était, différent. Dans son caractère, sa façon pragmatique de voir le monde, ou dans sa manière de ressentir les émotions. Mais il n'avait pas un look hors des normes - il n'était juste pas très beau. Alors il s'étonna de cette envie soudaine. Et au fond, pourquoi pas ? La vie était une expérience en elle-même. C'était juste lui, qui n'en prenait pas part.
« Je me sens bizarre, avoua le jeune homme, mais pas... négativement ? Vous avez déjà eu l'impression de vivre en regardant derrière une vitre ? Sans vous sentir à votre place ? »
Sa propre question l'étonna, c'était rare quand il montrait un peu d'humanité. Yve n'avait pas d'amis, il ne savait pas confier ses propres états d'âme. Pourtant, c'était ce qu'il venait de faire ici.
C'était la faute à l'alcool, ou bien aux gâteaux ? Il glissa le cocktail vers Eugène, et il sourit avec douceur, solaire.
Métier : Bouquiniste et mécène
Second avatar :
Elle n'avait rien dit. Elle n'a jamais rien eu besoin de dire. Eugène et Alice pouvaient tenir une longue conversation sans prononcer un seul mot. Leurs visages expressifs et la proéminence des sourcils grisonnants du vieil écossais se suffisaient. Alors elle n'avait rien dit. Ce n'était qu'un regard, de temps en temps, qui avait parlé pour elle. Une moue de fatigue. Un soupir d'envie. Ou peut-être la paranoïa d'un vieil homme qui craint plus que tout la solitude d'une triste fin de vie.
C'est ce qu'il expliqua, grossièrement :
- J'sais pas trop.
Il regardait d'un œil absent les mains agiles préparer un cocktail dont il appréciait toujours la composition. Lourd et léger à la fois. Comme son cœur, aurait-il pu dire s'il avait été dans les habitudes d'Eugène de parler comme un fragile poète du dix-huitième siècle. Les subtilités de la sensiblerie ne lui ressemblaient pas. Ni les métaphores d'ailleurs.
Il écoutait vaguement cette histoire de cheveux aussi, sans être certain qu'iel réponde à la question. Ou peut-être que si ? Il s'y perdait. Le monde changeait trop vite autour de lui. Un train à grande vitesse qu'il essaie de suivre en course à pied.
- Je me sens bizarre, mais pas... négativement ? Vous avez déjà eu l'impression de vivre en regardant derrière une vitre ? Sans vous sentir à votre place ?
- Non, fut la réponse immédiate qui s'imposa à l'étrange duo de la bouche d'Eugène. Je me sens parfaitement à ma place. Ce sont les autres qui ne savent pas tenir la leur. Si l'on divisait un carré de terres en petites parcelles pour que chacun ait son potager, tout le monde gratterait son pied de tomate chez son proche voisin, et te donnerait des conseils d'entretien sans s'intéresser à la décrépitude de ses courgettes. Tu vois ?
Ouais, définitivement pas son truc les métaphores.
Il but une gorgée de sa grande citrouille et un frisson lui parcourut l'échine. Parfaitement réalisé.
- Enfin tu sais ce que c'est. Ta religion, ta couleur de peau, ton genre. C'est ça ton potager. C'est là-dessus que les autres essaient de gratter. Pour uniformiser, je sais pas.
Il but une autre gorgée avant de conclure sa philosophie bancale – il n'aimait guère mettre des mots sur les pensées.
- Je veux juste dire que quand je vois le monde qu'on a, les gens qui sont dedans, je préfère largement rester derrière ma vitre.
Il jeta un nouvel œil autour d'eux. Il n'y avait toujours personne pour venir à leur rencontre. Rien. Rien que les bruits de fond. Ce tête-à-tête commençait à l'angoisser.
résumé : Eugène fait de la philosophie potagère pour tenter d'expliquer son point de vue sur le monde. Il commence à s'inquiéter sérieusement du calme plat de cette drôle de soirée.
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Habituellement, Yve ne se souciait de rien. Les émotions des autres ne le touchaient pas, et il réagissait de manière pragmatique aux imprévus. Il n'était pas sentimental, et malgré tout, il savait se montrer attentionné. Quand il avait compris qu'il se déplacerait toujours avec sa canne, il s'était fait vite une raison. En grandissant, elle était devenue une partie de lui. Et il s'était adapté. À quoi bon ? Les enfants étaient souvent plus résilients que les adultes, et c'était les autres qui voyaient cela comme un problème. Lui, c'était sa réalité, sa normalité. Il y avait bien sûr des jours sans, le moral un peu bas, la douleur plus forte. Les maladies qu'il se chopait facilement, parce qu'il ne faisait pas attention à sa santé. Mais Yve ne se souciait de rien ; ici, cela ne changeait pas. La nuance, c'était dans la nonchalance et la sérénité qui l'habitaient. Ce n'était pas de l'insouciance bâtie autour de l'indifférence ; c'était : la vie suit son cours.
Et il prenait plaisir à écouter Eugène. Ils étaient loin d'être opposés, lui aussi, les gens le fatiguaient vite. À cause de leur fausse compassion, du mépris que son caractère provoquait. De leur égoïsme dans les transports au commun, ou de leur trop grande générosité. Quand on le touchait sans le prévenir, ou sans le demander pour « l'aider », ça le foutait en rogne. Il vivait avec son handicap, eux, ils se sentaient juste inconfortables. Et Yve n'avait aucune envie de les soulager ; ce n'était pas leurs affaires.
Son genre ? Et sa couleur de peau ? Le jeune homme fronça les sourcils. Il était le parfait exemple d'un homme blanc cisgenre, mais pas valide. Il cochait deux cases sur quatre. La société lui était favorable. Pourtant, cela sonna faux dans sa tête. Sa première pensée fut tout un tas de réflexions sur son genre, alors qu'il n'en avait jamais douté. Une réalité, brute, qui correspondait à ce qu'il était. Puis lui vint d'autres réflexions sur la virilité, et comment il s'en dérobait à cause de sa jambe. Sans pour autant se sentir « moins homme » ; il était juste diminué. Par rapport aux autres. Non. Ce n'était pas cela. Un malaise qu'il n'avait jamais ressenti.
« Se mêler aux autres est une expérience, lâcha-t-il, et lui-même fut surpris — parce qu'il était d'accord avec Eugène. Lui aussi, il pensait ainsi. Mais ce ne fut pas ce que sa bouche raconta, et plus il réfléchissait à cela, moins il tombait d'accord avec lui-même. Certaines plus agréables que d'autres. Vous avez quitté votre vitre pour Alice, ou bien, c'est elle qui est entrée dans votre espace ? »
Encore cette mystérieuse jeune femme. Lorsqu'Yve fermait les yeux, il savait reconnaître ses traits. Sa couleur de cheveux. Il connaissait même son rire. Comme une petite soeur. Il y avait de ça, avec Lizzie, mais c'était différent. Parce qu'Yve était le dernier de sa fatrie, et qu'il ne savait pas comment se comporter avec elle — trop dur ? Trop invasif ?
Là, il y avait une émotion de maternité. Comme lorsqu'on observe depuis son grand âge, une fille apprendre à se maquiller en souriant. Quand on l'écoute parler de ses aventures, avec la sagesse qu'offre l'expérience. Celle des relations sociales et amoureuses. Iel avait le double de son âge, après tout.
Et toustes les deux partageaient, malgré tout, une affection pour la solitude.
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- Se mêler aux autres est une expérience.
Mais toutes les expériences ne sont pas bonnes à vivre. C'est trop de risque, pour quoi au final ? Pas vraiment de récompense. Pas de prix gagnant. Seulement des plaies, des cicatrices, et des boulets que traînent l'esprit comme un prisonnier dans la cage de sa prison.
Mais si, une récompense.
- Vous avez quitté votre vitre pour Alice, ou bien, c'est elle qui est entrée dans votre espace ?
Il s'éteignit une seconde. Ses yeux se perdant dans les toits de la ville. Il avait eu cette conversation un jour, autour d'une préparation de dîner. Alice lui avait demandé :
- Tu étais si bien dans ton domaine isolé, tout seul. Si le genre humain t'énerve autant, pourquoi rester ici à les supporter ?
- Parce qu'au milieu de sept milliards d'humains, il y a quelqu'un comme toi. Voilà pourquoi je les supporte, eux.
Il revint à lui, l’œil brillant.
- C'est moi. C'est toujours, toujours moi. Je n'ai pas quitté ma vitre, je l'ai brisée. Et j'en briserais encore pour la retrouver.
Parce qu'il en est ainsi de leur relation. Inexplicable. Inextricable. Inouïe. Le poison de leur dépendance nourrit leur quotidien, les brûle chacun à petit feu. C'est une part de lui qu'Eugène ne retrouve pas ce soir. La meilleure part.
Pour prouver ses mots, il se leva et traîna son tabouret jusqu'à la porte. Et sans un mot de plus, sans un cri de colère ni un râle de désespoir, il le souleva et le fracassa contre les battants résolument clos.
Et de rester stoïque devant l'échec de sa tentative.
résumé : Eugène répond vaguement à la question, avant de prendre son tabouret et de l'exploser contre la porte du top roof.
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Toujours lui ?
Yve fronça les sourcils, et dans l'atmosphère, il pressentit que quelque chose allait se passer. Alors son corps bougea, sans même qu'il n'y pense. D'habitude, se déplacer prenait toujours un petit temps de réflexion. Il évaluait les distances, il estimait les obstacles. Là, tout sonna naturel. Même lorsqu'il contourna aussitôt le comptoir, et qu'il rattrapa le vieil homme à la porte. Quelques enjambées, presque similaires à une course. Qui ne le piqua pas de douleur. Qui n'était pas entravé par son handicap d'enfance.
Mais pour l'instant, Yve n'y songea pas une seconde. Il leva la main, avant que la chaise ne retombe contre la porte. Il ne sursauta pas, mais il ouvrit la bouche. Ses yeux fatigués étaient assombris par l'inquiétude, et la question qui survint, elle n'était pas de lui :
« Vous n'êtes pas blessé ? »
En temps ordinaire, soit Yve se serait engueulé avec Eugène à grands coups d'insultes en flamand, ou il l'aurait observé avec une plate indifférence, avant de retourner à ses occupations. La violence ne l'émouvait pas. Il n'aimait pas le bruit qui en découlait.
Mais là. Pour une fois. C'était de l'inquiétude qui s'exprimait. Il constatait la déprime d'Eugène, et Yve, dans son manque habituel d'empathie, se reprocha de ne pas être doué avec les gens. Il savait qu'il fallait dire quelque chose. Mais quoi ?
« Oui. On doit sortir. »
Même son accent était avalé, sa voix ne changeait pas, son ton si. Il avait formulé cela comme une évidence. La magie ne fonctionnait pas. Les portes ne s'ouvraient pas.
« Dites-moi, Monsieur Corbier, vous croyez au surnaturel ? »
Dans cette façon si tranquille de parler, l'on pouvait entendre l'ombre d'un sourire dans sa voix. Pourtant, il n'y en avait pas sur son visage. C'était juste, quelque chose, qui sonnait pleinement dans son élément. L'air d'en savoir toujours un peu plus que les autres, sans jamais trop en dire. La capacité à comprendre les rancoeurs d'une oeillade, balancée aux clients.
Le regard placide, qui se moque pourtant, sans méchanceté.
Tout ceci ressemblait davantage à Jean-Pierre qu'à Yve. Et c'était impossible qu'il soit là, tous les deux ne se parlaient plus depuis des années. Pour une fois, Yve admit la vérité en face, et il soupira profondément.
Oui, bien sûr que Jean-Pierre lui manquait. Comme Minah.
Il ne se rendait pas compte qu'ils lui manquaient, non pas comme des ami·es, mais comme des...
« Ce que je veux dire, reprit Yve, c'est que tout ceci n'a rien de réel. La créature, la téléportation. Je viens de Belgique, je devais passer à l'an 2000. Seul. Alors que tous fêtaient la venue de son nouveau millénaire. Seul. Toujours seul. Yve se racla la gorge. Mince, ma canne, vous l'avez vu ? »
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- Vous n'êtes pas blessé ?
Bien sûr qu'il l'était. Dans son ego surtout. Il l'a toujours un peu été. Parfois trop peu pour bien trop. Parfois bien trop pour trop peu. Généralement, le second cas de figure. Souvent même. S'offusquer est un art de vivre, pour le vieux. Une fois, il a embouti une voiture de location dans un abri de bus parce qu'il n'appréciait pas la publicité affichée dedans.
Mais là, il restait inerte. Il aurait pu s'attarder sur la qualité d'une porte qui n'a pas cédé, ou sur la médiocrité de la confection d'un tabouret incapable de faire correctement son devoir. Stoïque comme la fois où un chenapan avait commencé à repeindre un mur de sa boutique en rose bonbon. L'abandon. Alice devait être en sécurité, car sinon elle était perdue. Il ne serait pas là. Condamné à errer sur le toit de ce cabaret dont tous les aspects lui sortent désormais par les trous de nez.
- Dites-moi, Monsieur Corbier, vous croyez au surnaturel ?
Heureusement, Eugène pouvait compter sur la présence de son ami de fortune pour animer la soirée. Comme une goutte d'huile sur un rouage, son corps se remit en mouvement. Juste le temps de tourner la tête vers le garçon. Ses sourcils affaissés et ses paupières lourdes traduisaient clairement l'absence totale d'envie de rire.
- Ce que je veux dire... reprit l'homme dont la seule capacité surnaturelle jusqu'à présent fut de posséder un âge indéfinissable, à mi-chemin entre le jeune trop vieux et le vieux trop jeune. Eugène n'avait pas envie de savoir ce qu'il voulait dire, car la suite allait l'énerver. Il ne voulait pas s'énerver, il se concentrait suffisamment déjà pour s'inquiéter. Une émotion à la fois, s'il vous plaît.
Il resta étrangement inerte face aux révélations qui lui furent faites. Impassible, mais concentré à manifester le plus grand mépris dans les rides de son visage flasque.
- Mince, ma canne, vous l'avez vu ?
- Oui, répondit-il en croisant les bras. J'ai vu un lutin la prendre pour la jeter dans le traîneau du Père Noël avant de partir. Il imita d'une main le décollage d'un appareil volant. C'est comme ça qu'ils font le plein de cadeaux à redistribuer. Les gens croyaient vraiment qu'ils bossaient à l'usine trois-cent-soixante-quatre jours par an ?
Bien sûr, nier l'évidence était plus facile que s'y confronter. L'émerveillement de son compagnon devant son téléphone portable et son mauvais goût vestimentaire ne faisaient qu'appuyer cette théorie farfelue. Raison de plus pour ne pas s'y intéresser : cela reviendrait à avoir tort.
- Est-ce qu'on peut faire preuve d'un peu de sérieux et continuer à trouver de vraies solutions ? demanda-t-il sincèrement en pointant des deux mains ouvertes les restes du tabouret, symbole de tout son sérieux et de ses meilleures solutions. Qu'importe votre canne, vous marchez très bien sans !
Et ça ne choquait personne ?
résumé : Eugène continue de nier l'évidence tout en l'ayant sous les yeux depuis le début.
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Yve sentait l'agacement du vieil homme pointer à travers ses remarques. C'était étrange : l'espace d'un instant, il crut se voir dans un miroir. Quand il râlait, quand il critiquait les idées des autres, quand il décidait que ses camarades étaient stupides. Au fond, il s'en retrouva amusé, et il se retint de rire. C'était peut-être ainsi que ses deux (anciens) amis l'avaient vu. Il se pinça les lèvres, puis il tourna la tête autour d'eux, inquiet de ne pas trouver de solutions. Finalement, avouer qu'il utilisait la magie, c'était ce qui semblait être une meilleure idée. N'était-ce pas dangereux de mêler un no-mag' à tout cela ? La situation était exceptionnelle.
« Ah... oui... en effet. Je... »
Et marcher pour une fois, sans douleur, sans s'appuyer de tout son poids sur sa jambe valide, l'interpella. Yve recula d'un pas, puis il avança. Il ferma un instant les yeux, puis il prit une profonde inspiration. Puis, il laissa tout son corps sur sa jambe blessée.
Yve écarquilla les yeux.
Il recommença, comme pour s'assurer de ce miracle. Non. Il ne croyait pas aux miracles. C'était autre chose — depuis son enfance, il s'était fait une raison, plus jamais il ne saurait courir. Tous les rêves des autres garçons n'étaient plus fait pour lui. Et ce n'était pas grave, ses aspirations étaient différentes, elles avaient évolué avec un handicap. Et...
Et...
Yve ne devait pas s'accrocher à cet espoir, aussi réel qu'il était, qu'un jour il puisse être
vous savez
comme tous les garçons de son âge.
Yve s'enfonça alors dans ses pensées. Et son corps se balança, légèrement, tout doucement, d'avant en arrière. Comme pour s'assurer que sa hanche n'allait pas se disloquer, et que sa jambe ne se briserait pas. Une forme de mélancolie lui cloua sur place. Puis, les yeux baissés sur le sol, le jeune homme ajouta :
« Ce n'est pas normal, enfin... ce n'est pas ma normalité, se reprit le jeune homme avec un sourire triste. Il releva les yeux sur Eugène. Quand je parlais de magie, ce n'était pas une affaire de contes, ou de père Noël. Regardez, il devait concentrer son esprit sur autre chose, ne pas laisser les émotions le submerger, s'empêcher de ressentir la joie pour ne pas avoir le coeur percé de déception plus tard. Je... Il décida au dernier moment de ne pas parler de lui, ni de son handicap. Alors il prit sa baguette magique. Je suis un magicien, pas comme ceux des fêtes foraines, non. Je fais de la magie, de la vraie. Lâcha le garçon dans un soupir déprimé. Mais cet endroit m'empêche de l'utiliser comme d'habitude, parce que voyez-vous... Ma canne, elle ne me laisse jamais tomber. Il marqua une pause. Pas au sens figuré, ce n'est pas une métaphore, c'est une capacité que je lui ai donnée. »
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