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Le Chat Noir
Paris, 2023.
Il y a 142 ans, ouvrait le célèbre cabaret Le Chat Noir.
Incarnant la Bohème, l’établissement présentait des artistes et poètes célèbres comme miséreux·euses, dans l’insouciance d’une ambiance légère et feutrée. Après la mort de son fondateur, le lieu est racheté et sombre dans l’oubli. Plus d’un siècle plus tard, un couple richissime décide de recréer le Chat Noir, fidèle à l’atmosphère de son passé mais pensé pour les artistes et les client·e·s du XXIème siècle.En savoir +
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2 participants
Une force pas si tranquille
Amir Raronjah
https://le-chat-noir.forumactif.com/t1183-une-force-pas-si-tranquillehttps://le-chat-noir.forumactif.com/t1194-le-chant-du-scorpionhttps://le-chat-noir.forumactif.com/f30-instagram
Amir Raronjah
Amir Raronjah
Métier : Livreur Uber Eats
Second avatar : Une force pas si tranquille  Ejo3
# par Amir Raronjah Lun 11 Juil 2022, 22:15
Amir Raronjah
━ Parisien
Autre(s) prénom(s) : /
Surnom(s) : Tête de Mûle
Âge : 33 ans
Sexe/genre : Transmasculin
Nationalité : N’en déplaise aux gars à PP fleurs de Lys sur Twitteur, Amir est français, de parents pakistanais.
Métier/occupation : Livreur Uber Eats
Résidence : Un HLM à Aubervilliers
Orientation : Hétérosexuel
Provenance avatar illustré : Ali - Squid Game
Avatar réel : Jeenu Mahadevan

Ⓒ Antagoniste

Pratique la boxe depuis 5 ans - Amir a une discipline de vie qui frôle la psychorigidité : il se lève aux mêmes heures, mange exactement 503 calories le matin. Bref, il est réglé comme du papier à musique. - Sa force est monstrueuse, malgré ce qu'Amir donne l'air - Il a toujours été sportif, déjà petit, il était une brute au handball - Depuis qu'Amir a commencé la prise de T, il prend une photo de lui toutes les semaines, afin de voir sa marge de progression - Sa première injection date du 2 septembre 2017 - C'est pas un mec qu'il faut provoquer - Il a un côté Wesh couplé à Pascal le Grand Frère - Si on l'insulte, il démarre au quart de tour - Sur ses différents RS, un mec n'arrêtait pas de le trash talk à chaque nouveau contenu qu'il postait. Amir a fini par l'attendre à son cours de japonais dans le 16e arrondissement, afin de lui faire la leçon. - Il envoie couramment de l'argent à sa famille, restée au Pakistan - Son père est décédé d'un cancer peu de temps après son CO - C'est un ancien pompier - Il galère avec l'administration, et se prend très vite la tête avec les flics - Sa carte d'identité comporte son sexe de naissance, ainsi que son deadname - Il fait de la moto, et il a déjà reçu des amendes pour excès de vitesse - Accro au café - Adore sentir la sueur - Reste en caleçon chez lui, mais pas d'inquiétude, les volets de son appart' sont TOUJOURS fermés ou presque - Galère pour payer sa mammec' - Compte, pèse, calcule, toutes ses calories - Il est à fond dans la Diet Culture - Il a des côtes boomers - Cispassing travaillé à fond, plutôt : Amir fait attention au moindre détail - Ne se revendique pas transmasculin, c’est un secret - Fait des Tik Tok et a un compte IG orienté Fitness, où il donne des conseils, parle de son expérience d’ancien pompier, etc - Adore les trends tik tok idiot, mais se mettre jamais en binder, au mieux, on le verra avec une chemise à motifs, ouverte en faisant attention à ce que le transtape sur sa poitrine soit bien dissimulé - Il voit un orpthoniste pour sa voix - Il a un cactus dont il tente de prendre soin. - Ressemble à Charmant dans Shrek quand il a les cheveux lissés et peignés - Amir est athée, mais il a lu le Coran et la Bible - Il déteste The Big Bang Theory - Fume occasionnellement.

Description physique


Amir, c'était la force tranquille. La stature toujours droite et imposante. Quatre-vingt-cinq kilos de muscles pour un mètre soixante-quatorze. Toujours le premier sur le ring, et toujours le premier à partir. Amir, c'était la chaleur du sable dans la voix, et la froideur de la nuit dans le regard. C'était la rugosité de la pierre dans ses poignées de mains, et l'éclat de soleil dans ses dents blanches. Il avait le rire facile, qui dans ses grands moments de relâchement partait dans les aigus.

Amir, c'était une carrure impressionnante. Des épaules larges, des clavicules marquées, mais la pomme d'Adam presque invisible. Amir, c'était le seul mec du club à ne jamais se mettre torse nu. Chaque fois qu'il montait sur le ring, il sentait le tissu de son débardeur mordre sa peau sombre. Des cheveux qui partaient dans tous les sens, souvent gras, qu'il attachait avec négligence. Autrefois, il les rasait dès qu'il formait un duvet. Depuis que sa mère lui avait fait remarquer qu'il ressemblait à son père, Amir avait appris à être en paix avec eux. Alors il se plaisait à les laisser pousser, juste assez pour pouvoir les attacher. Il savait que ça plaisait particulièrement aux filles.

Sergeï, son entraîneur, lui reprochait de « faire trop ». Chez Amir, « faire trop », ça se traduisait par un entraînement excessif pour se tailler un corps qu'il apprivoisait. C'était venir au club, malgré sa tendinite au coude, c'était de pousser plus loin ses limites. Ne jamais flancher, ne jamais se reposer. Travailler plus, et avoir une forme d'épanouissement à se voir soulever des haltères de quarante kilos dans chaque main. C'est comme s'il cherchait à rattraper le temps perdu, et à apprécier les regards de jalousie et d'admiration qu'il suscitait chez ses pairs.

Pourtant, Amir n'avait jamais été délicat. D'aussi loin qu'il se souvienne, il avait adoré le sport. Enfant, il lâchait les sandales pour courir aussi vite que ses cousins. Il abandonnait sa mère pour se bagarrer dans la boue. De sa carrière chez les pompiers, Amir avait gagné quelques cicatrices. Son nez n'était plus droit depuis qu'il s'était tapé la tête contre une poutre, un soir où tout le monde s'était retrouvé pour se mettre une race. Un nez proéminent, donc, supplanté par des sourcils broussailleux et des yeux noirs. Une mâchoire carrée, mise en valeur par des lèvres épaisses.

Malgré tout, malgré son assurance frivole, Amir avait plein de petits complexes. Ses mains étaient trop petites à son goût, mais l'entraînement les avait rendues plus marquées, et la corne s'agglutinait sous ses paumes. Des hanches un peu rondes, et un regard constant sur son reflet.

Et le débardeur, toujours collé à sa peau.

Toujours le premier à monter sur le ring, toujours le premier à partir. Et le cousin de Sergeï qu'il entendait murmurer à ce dernier :

« J'comprends pas les mecs qui enfilent leurs vêtements après avoir sué. Alors qu'on a des douches. »

Et Sergeï, son mentor, d'une tête de plus que lui. Blanc et chauve, qui répliquait :

« Pourquoi ? T'es du genre à mater des mecs sous la douche ? »

Amir qui sourit en coin, avant de quitter la salle.

« Quoi ? J'suis pas pédé moi.
- Pas de ça dans mon club, siffla Sergeï, sinon, je te fais récurer les chiottes avec ta langue, compris ? »



Caractère du personnage


Pendant longtemps, Amir s'était regardé dans le miroir sans se connaître.

Le reflet qu'on lui avait renvoyé était faux. Le prénom par lequel on l'appelait n'était pas le sien. Il ne vivait pas, il se contentait de suivre l'histoire de quelqu'un d'autre. Spectateur d'une enveloppe qui ne lui correspondait pas.
Adolescent discret, qui semblait exploser de rage quand il jouait au handball, il avait pris sa revanche. Désormais, Amir accomplissait ses rêves d'enfant : s'acheter une moto, porter des cravates et des vestons, dépenser pour rien dans des bouteilles de Axe. Une revanche qui avait un coût, mais qui était salutaire.

Alors Amir jetait parfois un œil sur son passé, avec amertume et pourtant fier. Il avait évolué. Et pour le mieux.
Il s'était rappelé, peu à peu, l'enfant qu'il n'a jamais été. Le petit garçon colérique à qui on dit de se taire, d'être docile. L'enfant bagarreur qui jouait dans la boue avec ses cousins, qu'on grondait parce que les taches ne partaient pas au lavage.

L'adolescent silencieux, qui se perdait dans les études. Sorte de fuite de la réalité. C'est qu'il fallait rendre l'arrogance de ses parents ; on a toujours prétendu qu'Amir était doué dans tout ce qu'il entreprenait. Mais voyez-vous, le sport ! Quand même... Alors qu'Amir était doué en physique-chimie... n'était-ce pas un peu trop brutal ?

Ses années en tant que pompier n'ont été que la suite logique des choses. Amir ne s'était pas engagé par bonté, plutôt parce qu'il sentait que c'était sa place. Un cadre avec tant de discipline et d'exercice physique ? C'était parfait. Raconter que sa douceur collait au taff ? Aussi. Pourtant, Amir s'était révélé inflexible. Aucune émotion dans son travail, même lorsqu'on est confronté à des choses terribles. Le sourire, les paroles rassurantes n'étaient là qu'en façade.

Parce qu'Amir n'était pas vivant, pendant cette période. Sa copine de l'époque lui reprochait cette distance émotionnelle qu'il mettait entre eux. Et lui, il ne donnait pas de nom au malaise qu'il ressentait. Puis, ils se sont quittés.

Finalement, elle n'aimait pas les hommes.

Amir était un homme souriant, chaleureux. Qui cachait des tocs, une manie à se rassurer dans une routine millimétrée. Elle était là pour encadrer la rage qu'il nourrissait. Et parfois, elle explosait sans qu'il ne puisse la contrôler. Des paroles malheureuses adressées aux flics (il ne les a jamais aimés), des excès de vitesse en moto. C'est comme si par moment, Amir souhaitait revivre en accéléré. Il rattrapait le temps qu'il avait perdu à ne pas être lui.
On le décrivait « grande gueule », « impulsif ou sanguin », « tête de con », mais le plus souvent il était calme. Hormis Sergeï, les gars du club de boxe ne connaissaient pas grand-chose de lui. On savait qu'il avait été pompier, mais il cachait les raisons de son départ. Il détestait les entretiens d'embauche, alors il faisait des petits boulots de livreurs.
Parce que quand on envoie sa carte vitale chez Uber Eat, il n'y a pas de questions gênantes, qui surviennent sur la présence du 2 qui débute son numéro de sécurité sociale.

Résumé du personnage : Ancien pompier / Fait de la boxe, et aimerait passer pro' / Livreur Uber Eats / A sûrement des TCA / Psychorigide sur quelques points / Il a des soucis de colère / Met les autres à distance / Galère à concrétiser ses dates sur Tinder / Partagé entre son besoin de faire une mammectomie, et l'argent qu'il envoie à sa famille restée au Pakistan / Des côtes darons des cités. / Né à Aubervilliers.

Histoire du personnage


5h42.

Amir leva un œil paresseux sur ces trois petits chiffres, affichés sur l'écran de son réveil. Son ex-copine, un jour, lui avait dit qu'il était la seule personne qu'elle connaissait à encore en voir un. La plupart du temps, les gens s'en séparaient pour leurs smartphones, connectés au monde comme des mouches prises dans une toile d'araignée. Amir lui avait alors expliqué que c'était une habitude héritée du travail. Allongé sur le ventre, la joue enfoncée dans son oreiller, le jeune homme bougonna. Il se leva pourtant.

L'ancien pompier navigua dans son appartement, d'un pas lourd. Les cheveux en bataille, habillé d'un seul caleçon, il se dirigea dans sa salle de bain. Les volets fermés laissaient à peine filtrer la lumière. C'est qu'en été, le jour se levait tôt. Comme lui.

Le malaise était palpable, quand il se regardait dans le miroir. C'était la même routine, tous les matins. Se laver le visage, puis se tourner de profil, surveiller la courbe de ses épaules et celle de ses hanches. Couler un œil sur son torse. Grimacer. Enfiler un t-shirt, un jogging, puis aller courir.
Il est 6h du matin quand Amir sort de son immeuble. Dehors, l'air est humide et frais. Les rayons du soleil envahissent les rues d'Aubervilliers, tentacules dorés qui s'étirent et s'étirent vers lui. Ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles, voilà qu'il commence sa course.

Il est 6h45 quand Amir rentre chez lui. La sueur qui perle dans ses boucles, le souffle encore court.
Et quand Amir sort de la douche, il est 7h. Tout pile. Un énième regard sur son réveil,  puis le voilà qui s'assoit au centre de son salon. Le petit-déjeuner l'attendait, mais avant ça, le jeune homme s'attèle à faire son injection de testostérone.

Amir avait besoin de ces routines. Ça le rassurait, lui donnait la sensation d'être un mec banal. Il cherchait le goût fadasse de la normalité, et il s'y complaisait. Dehors, ses voisins le saluaient d'un "monsieur" quand ils le croisaient. Et lui, il souriait, toujours un peu plus.

Il était né à Aubervilliers, toute sa vie se résumait aux immeubles HLMs, à l'impersonnelle vie de banlieue. Aux cris des collégiens courant vers les plaines de jeux. Toutefois, Amir avait quitté cet endroit quelques années ; s'envoler d'une prison pour une autre. La caserne, et ses sons stridents la nuit. La franche camaraderie, mais aussi les jugements silencieux qu'on ne prononçait pas. Son père s'était plaint de cet avenir ; élève brillant, Amir n'avait pourtant pas pu enchaîner avec des études supérieures. Il venait d'un lycée classé zep, son prénom et son nom de famille n'avaient pas créé d'illusion sur ses origines.

Son père s'était promis de lui bâtir un avenir lumineux, et pourtant, Amir s'était réfugié dans l'obscurité de la caserne. Après plusieurs refus pour des écoles privées en science, il avait trouvé sa voie. Oh ! Le jeune homme ne l'a jamais dévoilé, combien il avait été soulagé de voir ces refus s'aligner. Parce que ça ne lui correspondait pas, et qu'il était lassé - déjà à l'époque ! - de jouer un rôle.

« Tu n'es pas venu t'entraîner, hein ? Force toi à prendre des jours de repos.
— Non, t'inquiète, c'est pour autre chose. »

Sergeï croisa les bras sur son épaisse poitrine. Il posa sur Amir un regard suspicieux, les sourcils froncés. Puis il tendit le cou, lorsqu'Amir lui glissa une feuille sur son bureau. Les yeux de Sergeï allaient d'Amir à ce qu'il lui montrait. Enfin, il sourit en coin.

« Ça me fait plaisir que tu penses à moi.
— Tu m'appelles par ce prénom depuis plusieurs années, et tu... enfin... »

Sergeï n'enchaîna pas. Tous les deux n'avaient pas besoin de mots.Leur amitié était forte.
Ils s'étaient rencontrés à l'époque où Amir était encore pompier ; son équipe était venue au club, afin d'aider un membre qui avait fait un malaise.

Sergeï avait fait vite le rapprochement, quand quelques mois plus tard, Amir était revenu. Le crâne rasé, les cernes sous son regard, et la rage.
Dans les profondeurs de ses tripes.

C'était Sergeï qui l'épaulait, et qui se souciait le plus d'Amir. C'était lui aussi qui se démenait pour le faire grimper sur le ring, de manière officielle. Le premier à être heureux que les lois avancent : tu te rends compte ? La France a enfin interdit les thérapies de conversion !

C'était son mentor, son père de substitution qui lui avait appris à se raser.

Alors bien sûr qu'Amir avait pensé à lui. Sergeï était l'une des personnes les plus importantes dans son existence. Il lui avait appris à vivre, et à casser, petit à petit, le miroir sans teint depuis lequel il contemplait les gens. Traverser le miroir, embrasser l'univers. Exprimer sa colère en enfilant ses gants, et ronger le mors lorsqu'il donnait les coups.
Puis s'enfuir.

Sergeï acceptait de lui laisser son bureau, lorsqu'il devait se changer. Et il conservait le secret d'Amir, férocement. Sergeï était un homme au coeur d'or, mais on le connaissait rigide, un peu brute de décoffrage. On ne l'avait jamais vu monter sur le ring, mais il avait une force monstrueuse. Alors on acceptait de garder les questions.

Sergeï était le père de plusieurs fils, d'horizons divers et  variés.

Et Amir sentit son coeur le serrer quand il le vit écrire son prénom sur la feuille.

Le premier coming-out d'Amir datait de ses vingt ans. Après plusieurs années à sortir avec des garçons, il avait fini par admettre la vérité. Il préférait les filles. De longs regards perdus, pendant longtemps sur les hanches de ses camarades de classe. La honte de se changer avec elles - au fond, il l'avait su : ce n'était pas sa place. Les rumeurs qui s'allongeaient dans son ombre : il parait qu'il est lesbienne. Et lui, qui s'était forcé à accepter de coucher avec des mecs, afin de correspondre à cette foutue case.

Puis, Amir s'était rendu à l'évidence. Peut-être parce que pour une fois, ce n'était pas lui qui regardait les filles. Peut-être parce qu'une fois, dans une soirée organisée par des amis, il avait remarqué Amanda qui le contemplait. Non pas comme une bête de foire, mais avec du désir.

Le plus dur pour son père biologique, ça avait été de faire le deuil de ne pas devenir grand-père. Sa petite sœur n'en avait pas pensé grand-chose, et sa mère. Ah ! Il ne fallait pas parler de ces choses-là. Pourtant, maintenant, dès qu'Amir était au téléphone, elle lui demandait de façon détournée s'il avait quelqu'un dans sa vie.

« Amanda va bien ?
- Ouais, je la vois tout à l'heure.
- Vous formiez un joli couple. »

Amir sourit en coin, silencieux. Il connaissait les remarques discrètes de sa mère. Elle peinait à tout comprendre, malgré ses efforts. La première fois qu'Amir avait ramené Amanda chez eux, sa mère n'avait pas prononcé une parole. Puis, elle s'était enfermée toute seule dans la cuisine pendant le reste de l'après-midi. Quant à son père, il avait fait l'effort de discuter en dépit du malaise. Heureusement qu'il y avait eu sa petite soeur. Sans elle, Amir ne sait pas ce qu'il aurait fait.

Elle avait parlé avec Amanda de tout et de rien, trouvé un intérêt commun pour la littérature. Jusqu'à ce que leur mère sorte en soirée, et demande simplement si Amanda allait rester dîner. Avec les années, sa mère avait appris à apprécier Amanda, et elle avait été particulièrement touchée d'apprendre leur rupture.

Le deuxième coming-out d'Amir était survenu à ses vingt-six ans. Alors pompier, en couple depuis près de six ans avec Amanda, il avait annoncé la vérité à son père. Période difficile, entre ce qu'il vivait et la pression au travail. De l'extérieur, ses collègues et lui formaient une sorte de famille. Néanmoins, ça n'avait jamais suffi à le faire sentir à sa place.

Son père n'avait rien dit face à la nouvelle. Pendant près de six mois, il ne lui avait pas adressé la parole. Il le saluait d'un coup d'oeil quand il venait à la maison, puis il s'enfermait dans son silence. Encore une fois, Amir rendait grâce à sa soeur ; sans elle, il savait que ses parents et lui auraient passé de longs repas malaisants.

« Tu savais qu'il y avait une Pride transgenre à Lahore ? Et si tu venais un jour ? »

Puis brusquement, son père était venu l'attendre chez lui. Amir se souvenait encore de la scène. Il la rejouait couramment dans sa tête, avec la peur immense de l'oublier. Avec son vieux costume, sa barbe grise et ses yeux fatigués. Il lui avait tendu un paquet cadeau. Et Amir le considérait, en train d'hésiter à parler. Son père ouvre la bouche, puis se contente de lui tapoter l'épaule avant de partir. Quand Amir ouvre le paquet, il se rend compte qu'il s'agit d'un nécessaire de rasage. Il était mort trois mois plus tard à Lahore.

« Je ne sais pas, peut-être quand je serais... enfin...
— Oh... arrête, dis-lui, sa mère murmurait au téléphone et elle échangea avec sa soeur. Tu as vu comment ton frère est beau ? »

Amir rougit au téléphone, le buste penché en avant pendant qu'il faisait ses lacets.
Sa mère se racla la gorge. Amir imaginait sa soeur lever les yeux au ciel, et sa mère s'occuper les mains. Le silence resta, juste ce qu'il faut pour emplir sa poitrine d'amour. Pas besoin de mots. Amir savait.

« Ton père serait fier de toi.  »

Et Amir aurait aimé qu'il lui donne son prénom. Son vrai prénom. Il avait choisi Amir, car sa mère lui avait avoué un soir que c'était ce qu'il avait choisi : tu sais, enfin, si on avait eu...

« Je dois filer, je vais être en retard. Tu pourras remplir ce fichu papier ?
- Oui, bien sûr, ta soeur peut le faire aussi ?
- Parfait. »

Voir Amanda, c'était toujours douloureux. Faire comme si leur amour s'était transformé en amitié, c'était accepter de marcher sur des tessons en souriant. Amir avala sa salive. Tous les deux avaient des choses à se reprocher, les années avaient juste rendu les regrets moins douloureux. Au fond, il devinait qu'Amanda s'en voulait de ne pas avoir eu les épaules de soutenir son coming-out. Et Amir culpabilisait de ses crises de colère. À cette époque, tout s'écroulait autour de lui. Il avait douté de tout, de leur amour, de sa vie, de son rôle en société.

Amir ne se reconnaissait pas dans les parcours des personnes transgenres. Des blancs qui avaient toujours su, au fond d'elleux-même. Iels se libéraient de leurs chaînes, et embrassaient leur vrai moi avec insolence. Comme pour mettre la vie elle-même au défi de les empêcher d'exister. On ne parlait jamais des doutes, des crises d'angoisses. On mettait toujours en avant la dysphorie, jamais la peur de se tromper. Les certitudes formaient de plus belles histoires que la terreur. Amir aurait aimé être de ceux-là, de ces mecs fiers de leurs parcours, prêts à ouvrir la voie pour les générations futures. Mais Amir souhaitait une vie normale, loin du militantisme, savoir ce que ça faisait d'être un mec cis qui ne doit pas se débattre avec l'administration.

Au Chat Noir, l'ancien pompier se contente d'une bière. Ses yeux se perdent sur les gens présents dans la salle, et à chaque fois qu'il s'attarde sur un visage, il se demande : qui sait ? Qui est comme moi ? Fait-il assez "homme" ? Ses mains ne sont-elles pas trop petites ?

Puis dans le décor tamisé, Amanda apparait. Les cheveux noirs et courts, des lunettes et du rouge à lèvres bordeaux. Une robe à rayures qu'elle porte avec un leggins, et une veste en simili cuir. Elle est différente des autres filles, Amanda. Elle sort des canons de beauté habituelle, parce qu'elle est grosse et qu'elle parle fort. De loin, l'on dirait qu'elle ne se soucie pas de ce que les autres pensent. Au fond, Amir est au courant de toutes les insécurités qui la traversent. Le coup d'oeil jeté à son reflet de la vitre, puis sa stature qui se redresse. Fière.

Océane arrive derrière. Elle n'est pas maquillée, et elle a l'air claquée. Des cheveux bruns et longs jusqu'aux épaules, visage taillé à la hache, et des yeux prêts à fusiller quiconque la critiquera. Amir pose le coude sur la table, le menton dans la paume. Et il se dit qu'Amanda a toujours eu un faible pour les personnes colériques. Celleux qui ont la rage dans le ventre.

Amanda lui fait la bise, sa copine se contente d'un geste de main.

Amir se rendait à l'évidence : il n'avait pas eu les épaules pour supporter la transphobie au travail. Les remarques lesbophobes sur son couple, il avait serré les dents. Le racisme de son chef, et ses blagues merdiques à base de : tu vas t'appeler Rajesh, du coup ? T'arriveras toujours à parler aux meufs, ou tu vas virer gay ?

Des violences ordinaires. Des micros-agressions, des comparaisons entre Bilal Hassani et lui. Des « je sais pas dans quelles chiottes j'dois aller, aujourd'hui j'm'sens pas mec », à chaque fois qu'Amir était dans les parages. Les questions intrusives, la place qu'on n’arrivait pas à lui donner.

« Alors, t'as quelqu'un en ce moment ? Lui demanda Amanda en croisant les jambes.
— J'aimerais, mais c'est pas facile, grogna Amir. »

Le coup de poing lancé dans la mâchoire de son chef, quand il avait prétendu qu'il n'était qu'une lesbienne mal dans sa peau, au fond. Amir s'était rendu compte qu'il aurait aimé le tabasser jusqu'à le voir crever. Alors il avait démissionné.

« Arrête, t'es un beau mec, et la fille, là, sur tinder ? »

Amanda s'en faisait pour lui, différemment de Sergeï. Peut-être parce qu'elle savait que les gens comme eux étaient les plus vulnérables.

« Tu parles, j'ai envoyé un selfie pour... enfin...
— Lui montrer tes abdos, oui oui, ricana Océane en posant le coude sur le dossier de la chaise d'Amanda.
—Non, bougonna Amir en levant les yeux au ciel. Océane faisait toujours ça quand elle se sentait en danger. Par rapport à lui. Enfin, c'était ce qu'il croyait. Amir reprit : en binder, tu sais, pour lui faire comprendre. »

Amanda plongea ses yeux sur ses mains. L'attitude revêche d'Océane s'arrêta net, elle se pencha un peu vers lui. Amanda soupira un douloureux :

« Et ?
— Et elle m'a répondu : un mec en crop top ! Raconta Amir en prenant une voix aiguë. J'adooooore les mecs déconstruits sur leurs masculinités, hihi. »

Océane ne cacha pas son rire. Ce fut d'abord un raclement de gorge, le poing qu'on met devant la bouche pour être discrète. Puis elle se mit à rire aux éclats.
« Oh chéri, je suis désolé, lâcha Amanda. »

Elle posa les mains sur son poignet, rassurante. Océane observa la scène, puis elle haussa les épaules :

« Les meufs cis het, hein, le malaise.
— Ouais, grommela Amir, un peu désespéré. Je lui parle encore, mais bon, je ne sais pas trop quoi en penser. »
Lui aussi, il contemplait les doigts blancs d'Amanda sur sa peau. Il se surprenait à rêvasser de l'époque où iels étaient ensemble.

« Amir ? »

Amanda brisa son contact, elle cacha les mains sous la table. Amir les contempla toutes les deux. C'était une drôle de dynamique, Amanda et Océane. Et ça lui faisait chier d'admettre qu'elles étaient heureuses. Océane glissa à son tour une main sous la table, elle interrogea longuement Amanda d'un regard. Puis elle hocha la tête dans un sourire. Amanda n'hésita plus :

« On veut avoir un enfant.
— Sérieux ?
— Ouais, sérieux, fit Océane en jetant des oeillades autour d'elle.
— Et on aimerait que t'en sois le parrain. »

Amir les dévisagea. Chacune leur tour. Amanda, puis Océane. Océane, puis Amanda. De nouveau Océane. Il la sentait nerveuse, un peu agacée ; ça lui donnait l'impression d'être forcée à accepter ça.

« Je... enfin... bredouilla le jeune homme, moi ? Parrain ?
— À d'autres joli coeur, siffla Océane en claquant sa langue contre ses dents.
— M'enfin...
— Tu vas pas refuser ? S'inquiéta aussitôt Amanda.
— Non... enfin... je dois y réfléchir. »

Le silence retomba. Quand le serveur passa ramasser le verre vide d'Amir, celui-ci lui commanda du Gin. La situation lui semblait surréaliste. Il n'aimait pas être pris aux dépourvus : sa vie était calculée, millimétrée pour que rien ne le surprenne. Et il était bien, routine rassurante, confortable. Mais Amanda faisait flancher l'équilibre ; c'était toujours comme ça avec elle.

« Je vais aux toilettes, décida-t-elle d'ailleurs en se levant aussitôt. »

Et plus que tout, Amir détestait se retrouver seul avec Océane. Iels n'étaient pas très doué·es pour se parler. La jeune femme croisa les bras sur la table, elle le fixa un moment. Amir se racla la gorge, et il soupira :

« Moi, parrain ? Sérieux ? Je suis désolé qu'elle t'impose ça, je sais que...
— Arrête Amir, le coupa Océane de sa voix rugueuse. On a pris cette décision ensemble, t'aurais fait un bon père. Tu feras un super parrain. »

Amir se demanda si Océane n'était pas malade. Pourtant, quand il croisa son regard inflexible, il n'osa pas poser la question. Elle était là, l'évidence. Il remua les épaules, il essuya les mains sur son jeans.

« Genre.
— Ouais, genre, l'imita Océane. Écoute, on veut être mères, mais si jamais il nous arrive un truc, on veut que notre enfant ait quelqu'un sur qui compter.
— Donc l'ex de ta meuf, c'est une super idée ? »

Amir grimaça devant le regard noir d'Océane.

« Ouais, admit-elle en haussant les sourcils, t'es responsable, attentionné.
– Et je suis un mec trans'.
— Et ?
— Et... bah, baaah... Encore un soupir, Amir espérait ne pas avoir parlé trop fort. Il surveilla la salle face aux oreilles indiscrètes.
— Ca ne change rien, continua Océane. T'en parleras si t'as envie de lui en parler, c'est tout. C'est une décision qui n'appartient qu'à toi. Mais on a besoin d'une personne fiable, parce que... on sait.
— Oui, on sait,  lâcha Amir en se redressant sur sa chaise. »

Il croisa les bras, rentenant un soupir. Il peinait à s'avouer à lui-même que la demande le touchait.

« Vous allez faire comment ? PMA ? Adoption ?
— Amanda a envie de le porter.
— Mh... okay. »

Océane rangea une mèche derrière son oreille, puis elle tapota ses doigts sur la table.

« Amir ?
— Ouais ?
— Tes papiers pour ton changement de prénom... est-ce que je peux aussi les remplir ? »
Amir ouvrit la bouche, surpris, puis il sourit.

« Bien sûr. »

Il allait être parrain.
Comment a-t-iel connu le Chat Noir ? Son ex aime beaucoup cet endroit, si bien qu'il a eu quelques RDVs Tinder au Chat Noir. Maintenant, il défie Annette au bras de fer.
Qu'est-ce qui lui a plu là-bas ? La présence de personne qu'il suppose Queer lui donne un sentiment de sécurité.


Hors-RP


Pseudo : Antagoniste
Autres comptes ? Quentin et Corin
Comment as-tu découvert le forum ? La réponse 2.
Autre chose ? Vous êtes des chatons en chocolat.
Invité
Invité
Anonymous
Invité
# par Invité Lun 11 Juil 2022, 23:20
J'aime Amir de tout mon coeur (et toi aussi)
Must protecc mais aussi qu'il me protège avec ses bras svp <3
Invité
Invité
Anonymous
Invité
# par Invité Mar 12 Juil 2022, 17:11
ohlala j'ai dévoré ta fiche d'un seul coup, snif Amir me touche énormément Une force pas si tranquille  4013897917
re-bienvenue !! trop hâte de voir ce qu'il donnera irp !!
Amir Raronjah
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Amir Raronjah
Amir Raronjah
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# par Amir Raronjah Mer 13 Juil 2022, 11:54
Merci à vous pour vos mots tout doux !


    I'm a scary gargoyle on a tower

    That you made with plastic power
    Your rhinestone eyes are like factories far away
    Here we go again
    That's electric©️endlesslove
Invité
Invité
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Invité
# par Invité Mer 13 Juil 2022, 12:00
Rohlala, j'ai tellement dévoré la fiche après que tu l'aies posté que j'ai totalement oublié de te laisser un petit mot, je suis si désolée Une force pas si tranquille  4013897917

Amir est vraiment touchant et je pense qu'il va apporter plein de belles choses sur le forum. Je sens que les concours de bras de fer avec Annette seront très intéressants à observer - et probablement très serrés, krkrkr. J'espère qu'il s'épanouira pleinement parmi nous, ce brave petit.

Au plaisir de le voir inrp ❤
Les Delahaye
Le sommet de la chaîne alimentaire
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Les Delahaye
Les Delahaye
Métier : Fondateurs et PDG
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# par Les Delahaye Mer 13 Juil 2022, 12:31
Félicitations, tu es validé.e !
Tiens tiens tiens, comme on se retrouve 😌

Re-re-bienvenue parmi nous Anta, quel plaisir de lire une nouvelle fiche de qualitey de ta part ✨ Je plaide coupable comme les autres d'avoir tout dévoré d'une traite tant le personnage est prenant. On a envie de le connaitre, peut-être même me laisserais-je daronner finalement.

Te connaissant et à la lecture de ta fiche on sait immédiatement que tu vas très bien traiter tous les sujets abordés, même les plus difficiles, c'est donc avec plaisir et sérénité que je te valide ✨

Love sur ta tête Une force pas si tranquille  3825716085
— Theo

Pour la suite

Encore félicitations pour ta validation ! Il est maintenant temps d'aller te recenser dans les différents bottins, tu peux contacter le staff par mp si jamais tu as des questions ou des remarques.

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