Description physique

Noé est une grande éclipse qui se lève dans l'aurore et se couche dans les flammes. Il n'a de crépuscule que les cendres mortes et charbonneuses de ses cheveux indisciplinés. Il se déplie et se déplace lentement, son mètre quatre vingt deux occupe tout son ciel et ses gestes gauches lui donnent l'air de ceux qui ont grandi trop vite pour s'habituer à leur nouvelle stature. Enfant dans un corps de grand il apprivoise mal sa composition et en fait peu pour alimenter sa musculature qui se développe pourtant comme une étoile nouvelle.

De ses yeux d'émeraude ne subsiste qu'un éclat déterminé d'une pupille dilatée du côté droit qui lui donné un air de décalé stellaire alors que la voie lactée déteint sur sa peau et que l'espace céruléen marque de bleu ses veines. Poussière d'étoile dans un univers trop grand aux astres trop brillants, il marche courbé les épaules vers le bas et la mâchoires levée au ciel, il est si présent dans son attitude pourtant, tellement absent quand on l'attend, souvent.

Enfin il brille de normalité, il n'affiche que ce qu'on connaît déjà et qu'on a vu sur tous les autres et qu'il porte moins comme un symbole que comme une norme. Sur sa peau rien de plus que du jean, du cuir et du coton, rien de moins que vos yeux épuisés, rien d'autre que les illusions d'une galaxie qui tourne sans lui depuis longtemps déjà. Il n'a rien de particulier vous savez, il n'a de son aura que la force et de lumière ne subsiste que ce qu'il faut pour survivre. Il ne cherche pas à se démarque, c'est plutôt le contraire. Sans s'intéresser aux modes et aux époques, il imite ce qu'il voit et parfois, il le fait mieux que les originaux.

Petit poisson dans un aquarium de requins il ne reste que Noé marque de ses gestes empressés, il ne sait pas attendre et son visage relève son impatience et sa sensibilité de planète oubliée. D'habits sombres il porte le deuil de ceux qu'il n'a côtoyé que quelques secondes avant que le soleil ne se couche et que la nuit démarre. A ses pieds on ne trouve que des baskets souvent usées jusqu'à la corde d'avoir trop couru, de ne pas avoir réussi à tenir en place, la cime de son être est couramment voilée d'une capuche qui tombe bas, assez pour l'empêcher de trop voir le ciel.

Caractère du personnage

Planète qui tourne sur elle-même, Noé n'est pas de ceux qui se dévalorisent ou se laissent trop facilement marcher sur les pieds. Il est celui qui bouscule plus que de ceux qui sont bousculés. Ce n'est que très rarement de la méchanceté gratuite ou de la cruauté, c'est bien plus un manque de manières brute, il n'a pas beaucoup d'empathie naturellement, s'il y fait attention il y a de l'amélioration mais ne vous étonnez pas s'il vous marche sur le pied et qu'il vous en considère responsable, il n'avait qu'à pas être dans son chemin, vous voyez.


C'est un grand têtu qui ne se laisse que très peu dicter sa conduite, il n'écoute rien ni personne et ce depuis toujours. Cancre à l'école et mauvais fils, il n'apprécie ni qu'on lui dise où se rendre, ni de quelle manière et aura tendance à faire tout le contraire par pur esprit de contradiction. C'est conscient et volontaire, il n'essaie ni de le cacher, ni de l'améliorer et reste persuadé que c'est son entêtement crasse qui lui permet d'avancer, et surtout d'avancer droit alors qu'en toute honnêteté, c'est souvent pas le cas. Cependant c'est aussi une grande qualité lorsqu'elle est bien employée, c'est un vrai déterminé qui n'abandonne pas une fois qu'il a mordu. Ça fait de Noé un réel jusqu'au bout-iste, capable de déplacer des montagnes pour une poussière s'il l'a décidé. Il se donne les moyens de ses ambitions, parfois trop et c'est ainsi qu'il subit souvent énormément de déceptions qu'il prend avec difficulté et amertume mais qu'il oublie aussi vite qu'elles sont venues.

Etoile filante en chute libre qui ne connaît pas la patience, Noé est un empressé qui s'agace de la lenteur des autres, il lui faut tout et tout de suite et lorsqu'il réalise que parfois attendre est encore la meilleure solution, ça le plonge dans des frustrations abyssales qui le renferme totalement sur lui même. Inadapté social de la première heure c'est également un solitaire qui ne vit pas bien la foule et qui ne sait globalement pas comment se comporter correctement en société et il ne souhaite d'ailleurs pas forcément apprendre. C'est plus dû à un manque d'éducation que d'un réel désir de vulgarité, il n'est cependant absolument pas complexé et ne s'étouffe pas dans sa modestie.

D'une honnêteté pure qui en devient parfois dure, il ne s'embarrasse ni de tact ni de manières, il part du principe que si on lui demande son avis alors c'est qu'on est prêt à l'entendre, quel qu'il soit. Il n'est pas adepte du mensonge et le vit globalement mal, il préfère encore le silence. Il est de ceux préfèreront toujours une vérité qui blesse qu'un mensonge qui rassure et bien souvent il ne se rend pas compte qu'il a mis les deux pieds dans le plat. Ca en fait également un solitaire trop maladroit pour rassurer les autres et trop égoïste pour les réconforter. Pourtant c'est aussi un astre en gros déficit affectif qui cherche inconsciemment toute forme d'affection ou de reconnaissance qu'on peut lui donner, il est faible et serait prêt à tout pour une miette d'attention. Il est avide de contacts, qu'il rend très facilement sans pour autant réussir à mettre suffisamment de distance entre lui et les gens pour s'empêcher d'en souffrir, il a le syndrome de l'enfant qu'on abandonne.

Et malgré tous ces défauts il n'en reste pas moins un loyal dans l'âme, un ami de tous les instants. Il est réfléchi et même s'il prend ses décisions très rapidement, parfois trop, elles sont toujours pensées et mesurées. Il possède un humour grinçant et il est facile de rire de tout avec Noé, c'est un bon public qui manie bien l'ironie à défaut de la langue de bois. C'est un téméraire qui a parfois du mal à assumer ses choix mais qui se tient droit dans ses baskets sans pour autant mûrir suffisamment pour ne pas recommencer les mêmes bêtises.

Histoire du personnage

Noé est une ébauche ratée de ce qu'on aurait aimé qu'il soit, l'imposture de ce qu'il aurait pu être et qu'il ne sera jamais. Né de deux parents simples qui passent les journées et les années les mains dans la terre, il a grandi les yeux dans les champs et l'esprit en école buissonnière sur les chemins de boue labourés par les roues lourdes et épaisses des tracteurs qui sillonnent les campagnes été comme hiver. Chez lui les constitutions sont robustes et les rêves sont simples, les tables sont recouvertes de napperons qui sentent la naphtaline, chez lui il n'y a pas le temps pour songer grand, il n'y a pas de place pour espérer autrement. On a attendu de lui de faire comme tous ceux avant lui ont fait, alors il a essayé Noé, il a retourné la terre jusqu'à en perdre des yeux l'horizon.

Et pourtant en lui brûlait un feu impossible à éteindre. Petit déjà, au milieu de ses camarades de classe qui ne juraient que par les versions miniatures des petites cylindrées qui deviendraient plus tard leurs outils de travail, Noé tapait du pied en rythme avec la mélodie dans son cœur. Ses genoux se sont écorchés sur le bitume de l'incompréhension, de la déception parentale, de l'échec qu'on lui a toujours promis, de la peur de l'inconnu qui menaçait de l'avaler. A peine majeur qu'il était déjà parti de sa campagne pour troquer les odeurs de bouse pour celles de pisse sans perdre ses illusions sans s'en donner non plus, son seul but en bandoulière.

Alors il troque les matins bleus contre les soirs gris, on ne voit pas les étoiles, dans le ciel de Paris. Il est monté en train un beau jour en disant au revoir comme on dit qu'on rentrera le soir, et il en est descendu pour ne jamais y remonter. Et pourtant, oh pourtant il se mélange si bien à la foule, il se noie si facilement dans la troupe cosmopolite des habitants pressés, des locaux stressés, des autochtones vidés. Et il s'adapte Noé vous savez, il n'a pas de plan, comme toujours. Il est parti sur un coup de tête sans point de chute et sans point de départ non plus. Il n'a que lui et son sens du rythme, que lui et sa voix qu'il cache comme une tare. Et il préfère se brader, il préfère se dégrader, côtoyer ceux qui ne voient pas plus en lui qu'une simple bande auditive à ajouter à un rythme de tube d'été, plein de couleurs vives et d'autotune de mauvaise qualité.

Et pourtant sa voix est belle, elle sort du fond de ses entrailles. Il a une voix d'opéra Noé, une voix de conte-ténor, de celles les plus hautes naturellement existantes chez les hommes nés comme tels. Pourtant il la déteste cette voix dont il ne sait pas quoi faire, il ne l'a jamais travaillée, la reléguant au plus profond de sa gorge, de là où il ne voudrait pas qu'elle sorte. Il ne sait pas quoi en faire, il la déteste, ce n'est pas un talent à ses yeux, c'est une catastrophe. Lui il aime les sons graves, il aime le rap cru, il aime la langue râpeuse et amère qui crache à la radio. Mais au milieu de ça il a surtout besoin d'argent et de reconnaissance, enfin surtout d'argent. Alors il prend tous les petits boulots qu'il trouve en espérant percer sans y arriver puisqu'il s'entête à ne chanter que ce dans quoi il est mauvais.

Ce n'est qu'une coquille vide de ce qu'il pourrait être, qui survit dans un trop petit appartement où il n'a plus la place de rêver. Alors il commence à traîner et à fréquenter les bars et les quartiers, il n'écoute plus vraiment ce qu'on lui conseille mais plus ce qu'on lui impose. Il se fait avoir, beaucoup et il se fait utiliser, surtout. Mais il se convainc que c'est son choix, que c'est de sa propre volonté, pour ne pas vraiment se voir tomber, toujours un peu plus bas. Et il n'a pas totalement tord, parce que s'il en est là, c'est bien parce qu'il a fait des choix et qu'il continue à en faire.

Alors lorsqu'on pousse pour lui la porte du Chat Noir, qu'on l'y précède, et même si on ne lui tient pas la porte, même s'il a l'impression qu'elle va se refermer sur son nez à chaque respiration, qu'il découvre l'univers de lumière et de spectacle, ce n'est pas une claque qu'il prend, c'est bien plus que ça. Et ça lui fait mal, parce qu'il a soudainement et pour la première fois non pas l'impression mais la certitude du temps perdu, du temps gâché, par entêtement mais surtout par lâcheté. Et il ne peut pas s'empêcher d'y retourner, de s'y glisser comme un voleur d'étoiles descendu de son réverbère.

Il n'y cherche pas sa place, il n'essaie même pas de se glisser parmi tous ceux qui l'ont mérité, qui essaient du moins. Il ne s'imagine même pas un jour pouvoir monter là où on brille, trop fort pour lui. Il se contente de se glisser dans les ombres, quitte à en forcer un peu le passage.

Hors-RP

Pseudo : Käla
Autres comptes ? Aucun m'dame !
Comment as-tu découvert le forum ? Alors en vrai, je vous connaît depuis un petit temps mais jamais eu le temps/l'inspi avant, je suppose que j'attendais juste que Noé me tombe dessus ?
Autre chose ? Mangez de la mayonnaise.