Attributs physiques

Naomi est une grande femme d'1m75 au corps fin et élancé bien qu'elle soit légèrement musclée, conséquence de l'entrainement militaire voulant faire des soldats français des "chats maigre". Ses cheveux sont d'un noir profond, coiffés en une longue queue de cheval qui descend jusqu'à ses épaules.
Quelques mèches encadrent délicatement son visage.
Son visage est marqué par une cicatrice de brûlure qui traverse le dessous son œil droit, traversant le haut de son nez.

Personnalité

Naomi est une femme déterminée et dynamique, elle ne sait pas être inactive. Cependant, elle peut fondre en larme si un stimuli externe lui rappelle son traumatisme.
Des crises de colères peuvent aussi survenir en cas de conflit mais c'est aussi une personne empathique, qui aime aider les autres.

Il était 9 heures du matin, cabinet du Dr. Steiner Paris.

La pièce était baignée de la douce lumière orangée de l'aube qui filtrait par le Velux.
Mes yeux étaient posés sur les photos qui tapissaient les murs, toutes prises lors des vacances en famille de ma thérapeute.

Chaque cliché capturait la famille Steiner, souriante, devant un monument emblématique d'un pays du monde.

Le Taj Mahal, l'Atomium, l'Empire State Building, les pyramides de Gizeh et le Mont Fuji, tous se dressaient à proximité, dans ces images figées.
Le Dr. Steiner brisa le silence :

-« J'ai pensé à vous, Naomi. Je viens de rentrer de votre pays natal, le Japon. »

Je détournai mon regard du mur pour croiser celui de la femme en face de moi.
Madame Steiner était une femme élancée, aux cheveux d'un blond cendré encadrant son visage. Ses yeux bleus pâles semblaient réfléchir la lumière qui inondait la pièce.
Elle avait une présence calme et bienveillante qui instaurait un sentiment de confiance, bien que parfois un peu simplette dans ses réflexions.

Elle sourit doucement en mentionnant son voyage au Japon. Je la regardai, puis répondis d'une voix posée :

-« Je vous remercie d'avoir pensé à moi, Docteur Steiner. Cependant, il y a un malentendu. Je ne suis pas japonaise, seule ma mère l'est. »

Je ne lui en veux pas, j'ai d'avantage l'apparence d'une japonaise que d'une française de souche comme on dit... Après, elle aurait pu le retenir après un an de thérapie.
Tout ce que j'ai pris de mon père, c'est sa grande taille. Je mesure 1m75, plutôt grande pour une femme asiatique.

Madame Steiner fit un sourire d'excuse et reprit avec sa voix douce teintée de gêne :

-« Pardonnez-moi... Je vous avais entendu parler japonais au téléphone à l'entrée du bâtiment... Je pensais que vous étiez native du Japon. »

Je levais les yeux au ciel.
Elle m'avait entendu parler avec ma grand-mère maternelle qui ne parle pas un mot de français, ma génitrice m'a appris le japonais pour que je puisse discuter avec mes grands-parents, rien de plus.

-« Je parlais avec ma grand-mère. Elle ne parle pas français, elle me demandait quand est-ce que j'allais me marier. »

Pour elle, ne pas être mariée à 25 ans était une chose grave. J'étais une vieille fille périmée à ses yeux.

-« Je vois... Bien, et si nous reparlions de votre vie mademoiselle Lecomte. De votre enfance jusqu'à aujourd'hui. »

Je m'affalais sur son fauteuil en soupirant. On avait déjà eu cette discussion il y'a un an et je déteste me répéter bon sang.
Mais bon, c'est pour ma rémission, alors je m'y plie.

-« Je suis née à Lille, et j'ai grandi dans un quartier paisible de Vieux-Lille.
Mes premières années furent empreintes de doux souvenirs de cette vieille ville pluvieuse.
Les ruelles pavées, les petits cafés pittoresques, tout cela constituait le décor de mon enfance.
Au collège et lycée, j'étais une élève sérieuse, avide de savoir et toujours en quête de nouvelles découvertes.
Les sciences m'attiraient particulièrement, et j'étais souvent plongée dans des livres. Voyant que j'étais une clinche en mathématique, je me suis tournée vers la filière littéraire. »

Je ris de façon amer. Je rêvais d'être océanographe, mais mon petit cerveaux m'a fait comprendre que cela n'était bon que pour rester en état de rêves

-« Mon chemin m'a ensuite menée vers l'académie militaire, un choix qui peut sembler surprenant au premier abord.
Cependant, j'ai toujours été fascinée par les histoires de mon oncle, officier chez les commandos marines... Alors je me suis inscrite à Saint-Maixent, l'école des sous officiers.

Les premiers jours furent pénible, tant sur le plan physique que mental.
Les instructeurs ne faisaient pas de cadeaux, nous poussant au-delà de nos limites afin de nous préparer à devenir des sous-officiers de l'armée de terre.

Chaque réveil sonnait le début d'une journée en Enfer.
Les courses à l'aube, les exercices tactiques, les cours théoriques, tout était pensé pour nous pousser à l'excellence. J'ai rapidement compris que la discipline et la cohésion d'équipe étaient les piliers de notre formation.
Les défis étaient nombreux, mais je ne me suis jamais dérobée. Chaque épreuve était une opportunité pour moi de prouver ma détermination. »

Bon sang, ma voix part en vrille. Je déteste parler de moi. En plus, la psychiatre ne dit pas un mot et se contente décrire des mots dans son carnet vert.
Elle hoche la tête pour me faire comprendre que je dois poursuivre mon monologue.

-« Les relations avec mes camarades étaient intenses. Nous étions liés par l'effort commun, par la volonté de rejoindre l'armée française. Les amitiés forgées dans ces moments d'adversité ont été vachement précieux
Au fil des années, j'ai passé les examens et à la fin de mon cursus, lorsque j'ai reçu mon épaulette de sergent, j'ai ressenti une immense fierté.
C'était le fruit de tant d'efforts, de tant de sacrifices.... Mais bon sang, j'étais fière dans mon uniforme de cérémonie lors de ma nomination. »

Je souris en pensant à cette cérémonie.
La joie dans les yeux de mes camarades, la fierté dans les yeux de mes parents, la pluie, mes collants qui ont filés à la toute fin, mes bottes trop serrées... Une sacrée journée.

Steiner leva les yeux de son carnet et s'approcha de moi. Elle prit un miroir de la main droite et posa sa main gauche sur mon épaule.

L'objet refléta mon faciès que je ne pouvais habituellement supporter... Mais aujourd'hui, ça allait... Je ne fondais pas en larmes.

Mes cheveux sont d'un noir profond, coiffés en une longue queue de cheval qui descend jusqu'à mes épaules.
Quelques mèches encadrent délicatement mon visage... Je ne supporte plus les coiffure militaire.
Mon visage est marqué par une cicatrice de brûlure qui traverse le dessous mon œil droit, traversant le haut de mon nez... Je regarde cette marque, les larme me montent aux yeux... Mais contrairement aux autres fois, je ne cède pas et affronte mon reflet.

Ma thérapeute sourit à pleine dent et retire le miroir. Elle attire mon regard sur son visage et elle me dit avec sa voix douce :

-« Vous faites des progrès Naomi… Racontez moi comment vous avez eu cette cicatrice… »

Deux larmes s’écoulèrent sur mes joues avant de s’écraser sur le parquet. Je renifle, je lui vole un mouchoir dans la boite placée sur la petite table à ma droite et après une grande inspiration… je me lance.

-« En janvier 2022, j’ai été envoyée au Mali pour participer à l’opération BARKHANE… Entre le 16 et le 23 janvier 2022, on a aidé les forces burkinabè dans une opération dans les régions de Gorom-Gorom et Djibo. On a flingué 60 terroriste de Daech… »

Ma respiration est saccadée, la chaleur me monte à la tête, mes mains tremblent… Ma gorge se serre, mais Steiner me demande de poursuivre…. Cette journée, je pouvais la décrire en détail…

-« Le soleil brûlant du désert africain se reflétait sur les grains de sable, créant un éclat aveuglant qui dansait devant mes yeux. La chaleur, dévorante, pesait sur nous tel un fardeau insoutenable. Nous avancions prudemment, chacun de nos mouvements soulevant un nuage de poussière qui semblait s'éterniser dans l'air immobile.

Notre escouade avançait en ordre, nos bottes crissant sur le sol sablonneux. Chaque pas résonnait dans le silence oppressant, seul le vent sifflant entre les dunes venait troubler cette quiétude trompeuse. Nous étions sur nos gardes, conscients que l'ennemi pouvait surgir à tout moment de cette mer de sable infinie.

Soudain, l'air se déchira du fracas des armes automatiques. Des éclats de balles ricochaient autour de nous, soulevant des gerbes de sable. L'embuscade était lancée, brutale et sans merci. Le commandant criait des ordres, sa voix étouffée par le vacarme de la fusillade.

Mon cœur tambourinait dans ma poitrine alors que je cherchais refuge derrière un amas rocheux, le souffle court. Mes doigts serrèrent le métal froid de mon arme, tandis que mes yeux scrutaient l'horizon, cherchant l'ennemi tapi dans les ombres ondulantes du désert.

Les tirs ennemis semblaient provenir de partout à la fois, créant une cacophonie infernale qui menaçait de nous submerger. Chaque explosion soulevait des gerbes de sable, obscurcissant ma vision et me forçant à agir à l'aveuglette. Mes réflexes d'entraînement prenaient le relais, dictant mes mouvements dans cette danse mortelle.

Mes coéquipiers luttaient vaillamment, leurs silhouettes se confondant avec l'aridité du paysage. Mais malgré leur bravoure, la situation était de plus en plus désespérée. Les terroristes semblaient surgir de nulle part, frappant avec une précision glaçante.

Soudain, une explosion assourdissante déchira l'air. Le souffle du choc me projeta en arrière, m'arrachant un cri étouffé. Je me sentis voler sur plusieurs mètres avant de heurter le sol, ma vision brouillée par le tourbillon de sable soulevé par l'explosion. »

Je me voute, je pleurs à chaudes larmes, mes deux mains dissimulant mon visage rougi par le chagrin.

-« La douleur éclata dans mon visage, me faisant grimacer. Ma main instinctivement se porta à ma joue, découvrant une blessure brûlante. Du sang chaud coulait entre mes doigts, m'emplissant la bouche d'un goût métallique. Je me redressai avec difficulté, sentant chaque muscle de mon corps protester contre l'effort.

Autour de moi, le chaos régnait. Les tirs se faisaient moins fréquents, laissant place à un silence pesant. Je me rendis compte avec horreur que nous avions perdu un membre de notre escouade, Thomas Duprez. Le visages de ce camarade, figé dans l'agonie, me hantaient.

Je savais que je devais me relever, que je ne pouvais pas rester là, vulnérable. La blessure sur mon visage me faisait souffrir... Je ramassais mon arme, prête à affronter l'ennemi, car même blessée, je n'étais pas prête à abandonner. Pas maintenant. Pas après tout ça. »

Je lui raconte tout. Le visage des hommes que j’ai tué, les renforts venant nous assister et l’évacuation du théâtre d’opération jusqu’à notre base. Je suis restée deux semaines à l’hôpital militaire et on m’a rapatriée. »

Tout était flou dans ma tête. Je ne me souviens plus de mon arrivée en France, je sais juste que j’ai passé moult examens médicaux et que j’étais dans un état catatonique… Et que je déconnais sévèrement lorsque j’entendais le bruit proche d’une explosion.

Depuis mon retour du mali, rien n’allais plus. Je faisais des cauchemars chaque nuit ce qui détruisait mon cycle de sommeil…

Chaque jour, Tout dérapait lorsque quelque chose n’allait pas dans mon sens. Je partais alors dans une colère presque animale, mes mots dépassaient constamment mes pensées.
Mon exe se trouvait la plupart du temps dans la stupéfaction, ne comprenant pas les raisons de ma haine exagéré… C’est pour ça qu’on a rompu elle et moi… Et je parle même pas de crise de larmes à répétitions…

Mais en 2023, tout commençait à s’arranger. J’avais quitté l’armée et suivi une thérapie avec le docteur Steiner. Certes, j’ai été bourrée de cachets au point d’être un zombie durant de longs moments, mais petit à petit… J’allais mieux.

Mes cauchemars commençaient à s’espacer, mes crises de colères plus rares et mes pleurs ont presque disparus… Seulement, je n’avais plus de métier et fallait bien que je mange. Certes, le chômage et l’appartement parisien de mon ancien frère d’arme Remy était confortable, mais je n’allais pas être une squatteuse toute ma vie. Rémy avait beau être sympa et me laisser squatter son canapé en hommage de nos années à l'académie militaire, il en aura marre un jour de vivre avec moi, c'était certain. Je devais me bouger.

J’en ai parlé à madame Steiner et c’est en le mentionnant à nouveau qu’elle me montra une carte. Elle était sombre, légèrement violette, avec l’image d’un chat cyclope stylisé. Les mots « Chat noir » étaient inscrit en lettre dorées dessus.

-« Vous aimez l’art, Naomi ?»

Je la regardais avec interrogation avant de répondre d’une voix hésitante :

-« Euh, je suppose… J’écris des fictions pour moi et je joue du violon et un peu de piano depuis toute petite… pourquoi ? »

Un sourire entendu se figea sur les lèvres de la psychiatre et elle me dit avec joie :

-« Le Chat Noir recrute des serveuses… je suis une cliente assez régulière et en discutant avec certains membres du personnel, j'ai ouïe dire qu'ils avaient besoin de serveurs. Je suis certaine que vous vous débrouillerez bien… Et puis, qui sait ? vous pourrez jouer sur scène ! »

Je retournais la carte et vit l’adresse inscrite… Bon, ce n’était pas loin de l’appartement de Remy alors je pourrais m’y rendre demain…
Je me levais et mon interlocutrice fit de même.

-« On se revoit comme d’habitude docteur Steiner ? »

Elle hocha la tête et me tendit la main pour que le serre, ce que fis.

-« Votre rémission est en bonne voie Naomi, mais cela va vous prendre du temps… J’espère que si vous allez au Chat Noir, cet endroit vous aidera à surmonter votre syndrome de stress post traumatique. »