Attributs physiques

Un corps fin. Une peau pâle. Des cheveux blancs.

Ton regard se porte sur le miroir, là où se trouvent des empreintes de doigts. Une grimace te tord les lèvres. Ce ne sont pas les tiennes vu que tu viens tout juste d’emménager. Prendre une douche se trouve être plus compliqué que prévus. Un soupir. Un grognement. Ridicule. Te voilà nu comme un verre, le dégoût imprimer sur le visage. Tes yeux vert, parfois bleu, parfois marron, (car oui, les lentilles de couleurs sont, selon toi, de superbes accessoires à porter), suivent la courbe de ta poitrine.  Ton ventre est le suivant. Plat. Rien d’extraordinaire. Ton regard coule sur tes hanches légèrement marquées. Viennent ensuite tes longues jambes trop fines à ton goût. Ta peau pâle, rougie par le frottement de tes vêtements, te fait penser à celle d’un spectre. Ont-ils une peau d’ailleurs ? Tu en doutes. Une main remonte pour attraper et tirer sur une mèche de cheveux. Blanc. Longs. En bonne santé, dira-t-on ? Tu quittes enfin ton miroir après un énième regard à la saleté de ce dernier. Maintenant, tu fixes le sol de la petite cabine de douche. Des cheveux visiblement noir y traînent. Une mouche morte se trouve sur le dos et une tâches jaunâtre tapisse un coin du mûr. Serais-tu maudite ?

Tu ne baisses pourtant pas les bras. Un. Deux. Trois. L’eau coule et emporte les saletés répugnantes.

Bien. Mieux. Un pied. Puis deux. Enfin…

Un cri strident résonne dans le studio.

L’eau est froide. Il n’y a plus d’eau chaude.

Bordel.

Personnalité

Une douche froide ? Sérieusement. Peut-on faire pire ?

Te voilà habillée. Tu te maquilles légèrement les yeux. Un peu de rouge sur les joues. Rien de bien folichon. Tu n’aimes pas passer trop de temps à couvrir ton visage de divers produits. Peindre une toile pendant deux ou trois heures ? Ça oui. Tu es patiente pour les choses que tu aimes faire. Impatiente pour ce que tu n’aimes pas. Des sandales enfilés, tu t’éclipses rapidement dans les escaliers pour te retrouver devant la porte du propriétaire. Tu rumines. Deux coups sur la porte bleue décrépie. Impatiente. Maintenant, c'est quatre coups que tu assènes sur cette pauvre porte fragile. Voilà qu’une voix bourrue arrive à tes oreilles. Il est là. Tu croises tes bras contre ta poitrine. Un courant d’air. Vilaine odeur. Le voilà juste devant toi. Tu ne garde pas ta langue dans ta poche. Tu parles vite. Tu hausses même le ton. Pourquoi n’as-tu pas d’eau chaude ?! C’est ta question pour l’homme qui te mate ouvertement. Tu enrages. Il passera plus tard. Sûrement un souci de chaufferie. Ton pied claque le sol et te voilà définitivement fâchée. Tu le menaces de ton doigt. Tu ne te laisses pas faire. Surtout si tu te trouves dans ton bon droit. Tu finis par remonter. Furibonde. La porte claque méchamment et tu finis par atterrir dans ton petit canapé. Respire. Souffle. Peut-être un peu colérique ?

Après un peu de calme, tu finis par contacter ton amie la plus proche. Elle te manque. Tu ne connais pas grand monde ici. Elle te dit de sortir. De te faire un réseau de connaissance. Tu ne veux pas. Tu aimes pourtant t’amuser. Mais ta timidité, pourtant invisible aux yeux des mortels, t’empêche d’aborder des inconnus. Tu sembles pourtant si confiante lorsque tu marches dans la rue. Faux. Tu ne veux pas montrer tes faiblesses. Jamais. Finalement, tu raccroches et prends ton ordinateur. Un peu de musique. Sans ça, tu ne peux pas peindre. Voilà des heures que tu es avachie devant ta toile. Une passion qui te fait paraître rayonnante. Tout comme la danse. Il n’y a rien de mieux pour toi. Tu as des objectifs et tu te dois de les atteindre. La danse. La peinture. Tu veux en vivre pleinement. Tu veux arrêter de compter sur Nana. Alors tu donnes tout ce que tu as et tu t’améliores. Tu n’abonnes pas.

Comme pour cette histoire de chaufferie défectueuse…

clic


Fly me to the moon ?

Non. Personne n'ira sur la lune. Sûrement pas toi. Sûrement pas lui. Menteur.

Une rencontre en plein été. Fortuite. Intense. Pour toi du moins. Il est la raison de ta venue à Paris. Il est celui qui t'a poussé sur le droit chemin sans même le vouloir. Ton histoire commence à ce moment-là. Le reste de ta vie n'est pas intéressante car partiellement oubliée.

Deux parents. Des disputes. Une enfance solitaire. De mauvaises notes. Des cris. Encore et encore. Puis enfin la séparation. Celle qui te libère. Celle qui fait mal, mais qui est salvatrice. Alors tu vis de nouveau. Juste un peu. Juste le temps qu'elle se retrouve un compagnon de crise. Il n'est pas gentil. Il est méchant.

Des cris. Encore.
Encore.
Encore.
Encore.

Tu n'aimes pas parler de cette enfance que tu trouves cauchemardesque. Heureusement que Nana était là. Est là. Lorsque tes géniteurs en ont eu marre de t'avoir comme enfant, alors tu es partie habitée avec Grand-mère. Tu avais 12 ans. Environ. Pauvre toi. Pauvre nous. Se sont enchaînées des séances interminables avec des "médecins de l'esprit". Puis voilà que la peinture arrive dans ta sombre et triste vie. Tu aimes ta grand-mère, ça oui, mais aussi gentille soit-elle, ne pas avoir une belle enfance et de gentils parents est tout de même très déprimant. Handicapant. Gênant. Angoissant. Qu'importe. Voilà que tu te mets à peindre et à ajouter un peu de couleur à ce triste tableau. Tu es douée. Tu t'appliques. Tu adores ça. Mais la peinture seule ne te suffit plus vraiment. Tu adores toujours autant passer des heures sur une toile, mais il te manque un petit quelque chose. C'est lorsque Nana t'invite à voir un superbe ballet que tu trouves ce "quelque chose". Tu tombes amoureuse de la danse classique et décide le lendemain de prendre des cours. Tu finiras par finalement apprendre divers styles de danse au cours de ta vie.

Quant aux études, tu as bien suivi un BTS en communication, que tu as eu de peu. Tu as ensuite essayé de suivre une licence, mais tu l'as lâché en cours de route. Tu as alors fini par mettre tout ton temps libre dans la peinture pour essayer d'en vivre. Le temps t'a paru bien long. Si long. Si démotivant. Tu n'as eu aucune demande et ça pendant un bon moment. Rien. Nada. C'est finalement après un an et trois mois (précisément), que tu as eu des commandes régulières. Te voilà peintre à plein temps à l'âge de 21 ans. Tu es loin de pouvoir vraiment subvenir à tes besoins, mais Nana est heureusement là. L'argent n'est sûrement pas un problème pour elle vu que cette petite grand-mère est propriétaire d'une belle fortune. S'il y a bien une chose que tu trouves chouette dans le fait d'avoir été abandonné par tes parents, c'est d'avoir été prise en charge par Nana.

Finalement, tu quittes Cassis et Nana à l'âge de 23 ans. Un peu tard selon toi. Mais te voilà enfin libre.

Plus de lui.
Il n'était pas méchant.
Les disputes se faisaient rares.
Mais il n'était simplement pas fait pour toi.
Un amour fébrile. Plus fort d'un côté que de l'autre.
Vous vous rencontrez lors d'un été particulièrement chaud.

Tu as 22 ans. Les pieds dans l'eau. Les cheveux collés à ton front. Ton visage. Il fait si chaud. Tu es seule. Tu profites de ce bel après midi. Ton nez est déjà rougi par le soleil. Tes épaules aussi. Tu décides de te baigner. L'eau est fraîche. Elle calme ta peau maintenant brûlante. Moite. Tu souris et te délectes du moment. Une voix brise le silence et tes yeux le rencontrent. Lui. Tu ne le connais que de vue. Il vient d'arriver. Il est accompagné de deux amis. Tu le laisses approcher. Tu le laisses te parler. Tu le laisses te faire sourire. Vous flirtez. Un peu. Beaucoup.

Les jours passent. Votre relation évolue. Il ne te laisse pas indifférente. Tu essayes bien de le nier. Impossible. Il est lui et cela te suffit pour tomber sous son charme. La relation platonique devient ambiguë. Vous finissez par céder. Un baiser. Les joues sont rouges. Les yeux vitreux. L'amour n'est-ce pas ? Vous passez l'été ensemble. Main dans la main. Dans le lit de l'un. De l'autre. Tu finis par l'aimer plus que tu ne le voulais. Bien plus que lui. Votre relation toute fraîche s'étiole déjà. La fleur perd ses pétales.

La fin des vacances sonne la fin de la relation. Elle était brève mais suffisante selon lui. Pas pour toi. Tu pensais déjà à un futur peut-être commun. Lui et toi. Toi et lui. Il reste pourtant à Cassis, mais ne veut pas continuer. Il te dit qu'il voulait s'amuser. Recevoir un peu de douceur. Pas de longue relation. Les larmes finissent par rouler sur tes joues pâles. Il te laisse sur la plage. Il passe à autre chose. Toi, tu t'accroches. Ne veux pas croire.  

Vous finissez par vous croiser de temps à autre. Un bonjour timide. Un au revoir distant. Tu n'arrives plus à rester de marbre. Même après plus des mois. Tu veux partir. Pour toi. Sans lui. Il est temps. Tu habitais dans le sud. Te voilà maintenant à Paris.

La grande. La lumineuse. Paris.
Tu n'as que deux valises et un sac à dos.
Tes économies (mais pas que). Un portable. Bien suffisant.

Tu veux devenir quelqu'un ici. Tu espères oublier aussi.
Finalement, tu trouveras un studio. Pas à ton goût. Mais as-tu le choix ?
Ce n'est pas très propre. Petit. Voilà ta nouvelle vie.

Une douche te fera le plus grand bien.
Tu espère juste qu'il y a de l'eau chaude.

Ce serait un comble s'il n'y en avait pas... Hein ?